Vendredi, le gouvernement a proclamé fièrement que le chômage avait « encore » baissé au mois de février, et annoncé un taux de 8,4% .L’institut européen Eurostat a aussitôt corrigé la copie de Jean-Louis Borloo : le chômage touchait en février 8,8% de la population française, et 8,9% en janvier. Ce qui n’empêche pas le gouvernement de se féliciter d’avoir réduit le chômage, alors qu’au mieux, il l’a ramené au niveau de 2002. Un quinquennat pour rien !D’ailleurs, si le gouvernement était sincère, pourquoi aurait-il ordonné à l’Insee de reporter à l’automne la publication des résultats de son enquête emploi annuelle dont les résultats sont d’habitude connus en mars ? La méthode va au-delà de la manipulation : elle est de l’ordre du mensonge d’Etat. Quant à la presse patronale, elle relaie vaillamment ces manœuvres. A la fin de la semaine, un sondage BVA pour BFM et Les Echos montrait que pour 44% de Français, Ségolène Royal est jugée plus à même de réduire le chômage que Nicolas Sarkozy (42%). Elle est aussi créditée d’une plus grande capacité de mener une politique sociale juste (57% contre 33%). La même enquête révèle que la réduction du chômage est le principal enjeu de l’élection pour 60% des personnes interrogées, devant la mise en place d’une politique sociale juste. Et comment le quotidien économique présente-t-il ce sondage sur son site ? « Crédibilité : Ségolène Royal perd du terrain par rapport à Nicolas Sarkozy. Le candidat de l’UMP est jugé plus compétent que son adversaire socialiste sur l’économie » (il obtient en effet un meilleur score qu’elle sur la capacité de mener une politique économique efficace) ? L’article des Echos se poursuit ainsi : « Si les sondages donnent actuellement Ségolène Royal réduisant son écart avec Nicolas Sarkozy en termes d’intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle, le candidat UMP marque des points sur la crédibilité de son projet. Il tiendra d’ailleurs lundi une grande conférence de presse sur ses propositions, un exercice auquel aucun de ses adversaires ne se risque ». Vive la presse libre !